Thursday, 10 October 2013 09:50

Déclaration de l’Assemblée Panhéllenique de la KEERFA, 5 Octobre 2013.

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L’assassinat de sang froid de Pavlos Fyssas (34 ans) à Keratsini, par des membres de l’Aube Dorée armés de couteaux, lors d’une embuscade nazie a bouleversé des millions de gens, en Grèce et dans le monde entier.

Il y a 8 mois c’est le travailleur pakistanais Sahjat Lukman qui a perdu la vie, poignardé par des membres de l’Aube Dorée à Petralona. Maintenant c’est l’alarme pour tous : les sections d’assaut paramilitaires des néonazis, arborant des t-shirts noirs et des variantes de la svastika procèdent maintenant a des attaques meurtrières contre des militants de gauche, des anarchistes, des communistes, des syndicalistes, des homosexuels et des antifascistes. En même temps, la catastrophe économique qui constitue le terreau de l’émergence du fascisme, s’approfondit de plus en plus. Ceux qui croyaient à un retour rapide à la normalité qui entraînerait automatiquement un recul de l’Aube Dorée, sont démentis. Les enjeux et les défis les plus importants ne sont pas derrière nous. Ils sont devant nous.

Les responsabilités du gouvernement de droite d’Andonis Samaras, qui gouverne avec ce qui reste du parti social-démocrate PASOK d’Evangelos Venizelos, ne pourraient pas être plus grandes.Sans le soutien politique de Samaras et de Dendias, les néonazis de l’Aube Dorée n’auraient pas intensifié leurs crimes racistes et orchestré les attaques fascistes à Perama et à Keratsini. C’est seulement du fait du poids écrasant des mobilisations antifascistes et de la grandiose manifestation ouvrière antifasciste qui a marché vers les bureaux centraux de l’Aube Dorée à Athènes, que le gouvernement a été obligé d’ouvrir l’enquête judiciaire sur le gang criminel des néonazis qui se dissimulait derrière une vitrine de parti politique.

Nous savons que les ressemblances historiques peuvent souvent désorienter. Mais la crise à laquelle fait face la société grecque ne peut être comparée qu’à celle des années 30. L’Aube Dorée a pour modèle le mouvement national-socialiste d’Hitler. Face à cette menace, le gouvernement de Samaras durcit son programme d’extrême droite, ne gouvernant plus que par décret ministériel. Il semble hésiter entre les politiques de Dollfuss en Autriche dans l’entre-deux guerres et de Brüning dans l’Allemagne de Weimar. Historiquement ces politiques n’ont pas empêché l’avènement du fascisme, mais lui ont ouvert la voie.

Le racisme est devenu en Grèce une politique officielle d’Etat: des dizaines d’immigrés sont enfermés jusqu'à 18 mois dans des camps de concentration pour le seul fait de ne pas avoir de papiers en règle. L’accès au centre d’Athènes, pour quelqu’un qui a la peau foncée, est dangereux, soit en raison des opérations de « balayage » de la police sous le nom d’inspiration Orwellienne de « Xenios Zeus » (Zeus Hospitalier), soit à cause des attaques fascistes de l’Aube Dorée. En même temps, le gouvernement de Samaras poursuit la mise en application des mémorandums d’austérité qu’impose la Troïka, et utilise la répression sauvage contre chaque mobilisation des syndicats et des organisations de jeunesse, c'est-à-dire la seule force qui peut offrir une solution collective de rechange à l’abysse de la crise. Le gouvernement détruit ainsi la base des libertés et des droits démocratiques acquis avec du sang et des sacrifices, lors du renversement de la dictature des colonels et des luttes de la période de transition.

Les immenses manifestations antifascistes contre l’assassinat de Pavlos Fyssas ne sont pas tombées du ciel: elles se situent dans le sillage d’une action tenace et de longue durée dans les quartiers, les lieux de travail, les grandes mobilisations comme celle du 19 Janvier. C’est ce mouvement qui contrôle les rues, et non les sections d’assaut nazies de l’Aube Dorée. Le développement le plus porteur d’espoir ces derniers mois est l’émergence d’un antiracisme combattif et la rébellion des prisonniers du camp de concentration d’Amygdaleza ainsi que les enfants de seconde génération qui revendiquent le droit a la nationalité.

Pour la victoire du mouvement antifasciste et antiraciste!

*Nous poursuivons l’action antifasciste centrée sur le démantèlement complet des sections d’assaut des néonazis avec la fermeture immédiate de leurs bureaux. Nous exigeons l’arrêt immédiat du versement des indemnités parlementaires et des subventions de l’Etat. Dévoilement des milieux qui les financent et sanction des coupables.

*Que soient jugés les racistes de l’Aube Dorée pour les attaques et les pogroms dans les quartiers. Les fascistes hors du parlement, des conseils municipaux, des syndicats. Justice pour Pavlos Fyssas et Sahjat Lukman.

*Que cessent les persécutions judiciaires pronazies contre le coordinateur de la KEERFA, Petros Constantinou et les autres antifascistes.

*Nous exigeons que soit mis fin à la collaboration de la police avec l’Aube Dorée. Que soient jugés les policiers et les fonctionnaires, aussi haut placés qu’ils soient, pour les crimes racistes, tortures d’immigrés et couverture des crimes des néonazis.

*Nous exigeons la fermeture des camps de concentration, que cessent les opérations racistes de “balayage”. Que soit démantelé l’organisme Frontex qui sème la mort aux frontières pour les refugiés, les femmes et les enfants. Le crime de Lampedusa avec ses centaines de morts est une alerte pour nous hâter d’en finir avec les politiques racistes et criminelles de l’U.E. – forteresse.

*Nous exigeons le droit à la nationalité pour tous les enfants sans exception. Légalisation et asile pour les refugiés et non de nouvelles entraves. Des permis de travail et de séjour pour tous les immigrés.
Nous avançons vers une coordination internationale avec un premier appel à l’action européen et international contre le fascisme le 22 Mars 2014.

*Nous avançons sans avoir l’illusion que le fascisme peut être vaincu dans les tribunaux et par les juges. Seule l’action massive du mouvement antifasciste et antiraciste, l’action du mouvement ouvrier et étudiant peut briser les fascistes. C’est pour cela que la KEERFA prend l’initiative dans chaque quartier, chaque lieu de travail, chaque université ou école, de construire l’union dans l’action pour chasser les fascistes. Nous revendiquons la démission du gouvernement qui pendant tout ce temps, couvrait l’action des néonazis et dont ses cadres continuent à couvrir. Dans le déploiement des luttes, les comités locaux de la KEERFA se mettent en avant afin d’unir le mouvement. Nous appelons à l’action unitaire les syndicats, les artistes et hommes de lettres, les organisations de gauche, les partis municipaux, les associations étudiantes, les collectifs de résistance et les mouvements locaux.

*Nous renforçons les comités locaux de la KEERFA afin de répondre aux attentes des milliers d’activistes qui ont pris confiance avec les victoires du mouvement contre les fascistes.

Partout, nous relions l’action antifasciste avec les luttes des travailleurs contre les mémorandums, l’austérité, la pauvreté et le chômage. Nous construisons un mouvement d’espoir, contre le désespoir qui nourrit le fascisme.

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